Histoire Insolites des Trains épisode 3
Publié le 8 mai 2019 7:52 pmJ-21
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Ici on circule à droite
Constituée en 1854, la compagnie de l’Est succède à celle de Paris à Strasbourg qui a ouvert sa grande ligne deux années auparavant. Mais le réseau de l’Est restera malheureusement dans les mémoires comme celui des trois guerres cruelles et l’amputation de l’Alsace-Lorraine entre 1871 et 1918 et aussi celui de trop nombreux trains de soldats, de blessés et de déportés.
Le réseau de l’Est dessert les bassins lorrains et de grands sites industriels métallurgiques, ce qui donne lieu à un important trafic marchandises, compensant heureusement le manque de trafic dû au faible développement industriel de la Champagne et de la partie centrale du réseau.
L’est est aussi un pôle géostratégique. L’armée utilise intensément le réseau, en temps de guerre et de paix, avec de très nombreuses villes de garnison et des champs de manœuvres. Cette vocation militaire explique le fait que le réseau est très bien équipé en lignes à double voie, même sur des lignes à trafic restreint : en cas de guerre, il faudra une importante capacité de transport. La disparition du service militaire pénalisera beaucoup ce réseau qui prendra le transport des appelés et des permissionnaires.
Le réseau de l’Est n’est pas le plus important en France par son étendue ou son trafic. Le tourisme en Alsace, celui des Vosges (Vittel, Contrexéville, Plombières, etc.) a créé, jadis, un âge d’or pour le réseau qui a ensuite périclité au profit de la route. Les grandes lignes ont toutefois toujours été très actives, grâce à des relations internationales au départ de Paris et en direction de la Suisse, de l’Italie, de l’Allemagne, de l’Europe Centrale. L’ouverture de TGV Est, en 2007 donnera une nouvelle vie à ce réseau qui a plutôt souffert des vicissitudes de l’histoire. Aujourd’hui, avec l’horizon tourné vers l’Allemagne et le passage des ICE, c’est le réseau d’une France ouverte sur l’Europe.
Après l’époque des trains rapides remorqués par des Crampton au XIXème siècle, le XXème commence avec le lancement de locomotives du type 230 entre 1897 et 1914. Ce type 230 sera particulièrement développé sur l’Est et sur et, lors de l’engagement de Pacific sur le réseau, ces locomotives ne perdront rien de leur suprématie. Avec des parcours comme un Paris-Nancy sans arrêt en moins de 3H, ces locomotives atteignent une vitesse proche de 120 km/h, et dépassant 140 km/h lors d’essais ou en service. Les 230 K sont l’aboutissement de ce type de locomotive et rouleront jusqu’en 1965.
Comme pour l’ensemble des réseaux de l’époque, l’accroissement du poids des trains et la demande de vitesse contraignent le réseau à l’Est à mettre au point des locomotives plus puissantes. Pour les trains de charbon, ce sera le type 150, suite logique du type 140. Mais pour les trains de voyageurs, l’est passe directement à la 241. Ce seront les locomotives les plus connues sur l’Est après la seconde guerre mondiale.
Depuis longtemps, en matière de matériel comme dans la construction de ses lignes, l’Alsace est une pionnière. D’abord avec la construction de la ligne Mulhouse-Thann en 1839. Mais aussi avec la Strasbourg-Bâle, longue de 140 km, forme la première grande ligne française à grande distance et, surtout, la première ligne internationale européenne. En 1871, l’Alsace-Lorraine est allemande pour 47 années et son chemin de fer se germanise, avec une circulation à droite, un matériel, des signaux et des installations fixes de type allemand. Le réseau d’Alsace-Lorraine conservera ainsi sa spécificité après 1918, maintenu comme entièrement distinct du réseau de l’Est et géré directement par l’Etat. En 1938, la création de la SNCF entraîne de nouveau l’unification en un seul réseau : la région Est.