Une vengeance de l’Ankou
Publié le 31 mars 2019 4:03 pmLe 29 mai 2019 sort en librairie un roman très prometteur signé Jean Rohou, ancien professeur de littérature à l’université de Rennes II et spécialiste de la langue bretonne. Si vous avez la curiosité de creuser un peu plus la carrière de ce monsieur à la moustache souriante, vous penserez immédiatement que ce roman sera un des meilleurs de l’été.
L’Ankou
La Bretagne est une terre de chemins creux où la pleine lune veille sur les fantômes qui hantent les baies et les moindres coins mystérieux. Autrefois considérée comme un monde meilleur, la mort qui erre dans ces lieux improbables a inspiré nombre de conteurs et favorisé bien des imageries populaires. Avec la christianisation, la population a transformé les écrits païens par des textes empreints de religiosité et personnifié la mort par le diable… Parfois sans y mettre le nom.
Ainsi sont nés les personnages de l’Ankou, également appelé oberour ar maro , ouvrier de la mort et les fées des fontaines, nommées lavandières de la nuit.
Les lavandières de la nuit
Les lavandières de la nuit lavent, essorent, sèchent des suaires dans les coins les plus retirés. Malheur au promeneur solitaire et perdu qui les croise. Wilherm Postik en a fait les frais. Il s’est laissé distraire par les jeunes femmes… Le linceul l’a étouffé et vidé de son sang.
Qui est l’Ankou?
L’Ankou est la mort personnifiée. De sexe masculin, il a la forme d’un squelette aux cheveux longs, vêtu de noir et habillé d’un feutre. Il frappe ses victimes d’une faux aiguisée par un os humain. Il est debout sur une charrette à deux chevaux dirigés par un aide. Un deuxième homme facilite le passage du convoi et ramasse les corps. Avec sa tête pivotant de gauche à droite, l’Ankou sillonne les campagnes à la recherche de ses cibles.
Mais l’Ankou tue sans faucher. Un simple geste, une rencontre fortuite, le bruit de la charrette suffisent à causer la mort. Fanch ar Floc’h, forgeron de son état l’a testé ! Un soir de Noël, absorbé par son ouvrage, il a vu arriver un homme qui cherchait à faire aiguiser sa faux. Le commerçant s’est exécuté. Il est mort à l’aurore.
Un convoi à éviter
Le convoi de l’Ankou se nomme Karrig an Ankou (char de l’Ankou) ou Karriguel an Ankou (brouette de l’Anjou) remplacé par le bag noz, bateau de nuit dans les régions du littoral. « A l’île de Sein, dit Paul Sébillot, l’homme de barre est le dernier noyé de l’année. Une femme dont le mari est disparu en mer sans que le corps ait été retrouvé, l’aperçut qui tenait la barre, un jour que le bag noz passait tout près d’une des pointes de l’île.
Ce qui est valable sur mer l’est sur terre. On dit que dans chaque paroisse, le dernier mort de l’année devient l’Ankou de l’année suivante. Mieux vaut-il ne pas rencontrer l’Ankou un 31 décembre dans la nuit.
Bref, vous l’aurez compris, une vengeance de l’Ankou de Jean Rohou est un indispensable pour ceux qui aiment la Bretagne et pour tous les amateurs de contes. Vous pouvez le précommander en cliquant sur le lien situé en haut de cet article. Bonne lecture à toutes et à tous.
Tags : ankou, bretagne, les lavandières de la nuit